AFTER US
Hail to the Dome

Sedna parle moi du monde. Je veux savoir, je veux être ébloui par la vérité et cligner des yeux de sa lumière. Je veux sentir le souffle du vent, être emporté par sa force. Je veux sentir la pluie, la vraie, celle qui tombe acide des nuages en colère. Qualifier la couleur des rayons du soleil levant. Est-ce que tu sais ce qui a assombrit le ciel ? Est-ce que tu sais même à quoi il ressemble réellement ? Je voudrais comprendre, voir de moi-même si les cendres tapissent toujours cette terre qui nous tue, si les forêts sont encore empourprées de honte. Les anciens parlaient de quatre saisons. Tu te rends compte ? Quatre saisons si changeantes. Ici tout est constant. Ici tout est faux. Je voudrais me tordre de douleur, prendre de plein fouet ce qu’il reste de nous. Je veux sentir le poison se répandre par mes pores et courir dans mes veines, le laisser foutre en l’air mon système respiratoire pour finir comme l’un de ces téméraires qui ont voulut explorer ce qu’il reste du monde. Tout comme toi. Je me veux mourant pour enfin me sentir en vie. Il y a eut tant de vies gâchées, nous avons perdu le futur. Ou plutôt, ils ont perdu le futur. Je ne sais pas s’il reste encore beaucoup de points communs entre eux et nous, entre l’avant et l’après. J’aime à penser que s’ils n’avaient pas tout foutu en l’air peut-être que c’est nous qui l’aurions fait. Tout fait sauter. Le plus drôle avec le nucléaire c’est que ce n’est pas l’impact le plus douloureux mais les années, les siècles qui suivent. Mais cette histoire tu la connais déjà par cœur. De cet océan de chaos informe on a érigé les dômes, le dernier espoir d’une humanité déjà orpheline, des mères nourricières de métal et de verre. On a pansé nos plaies avant de comprendre que nous n’étions pas saufs pour autant. La Mort Sombre est arrivée peu de temps après et a fait les premiers dégâts. Puis ce fut le froid, lorsque nous avons compris que cette force que nous ne maitrisions pas avait définitivement altéré l’équilibre de notre planète. Jusque quelques kilomètres, l’effet des explosions et des séismes. Juste quelques kilomètres de déviation de l’axe terrestre et pourtant cela à suffit pour détruire à jamais le monde tel que nous l’avions toujours connu. Le monde tel que tu m’en parlais, Sedna. L’Hiver Aveugle se termine, on se prépare pour le retour du beau temps, non pas que ça change vraiment quelque chose pour nous ici. Il y a encore eut une faille dans l’une des paroi, un district entier de réfugiés est mort de froid en l’espace de quelques heures. L’ordre a prédit que nous allions bientôt voir les neiges fondre avec l’arrivée des lueurs du tout premier jour. Comme si nous pouvions les voir d’en bas, coincés dans les entrailles du dôme. Tu sais combien j’aimerai voir leur tour s’effondrer sur elle-même et réduire en un tas de tôles leur église, peut-être que cela arrivera sous peu. « Les arches ne sont pas construites pour durer », c’est ce que tu répétais tout le temps, c’est pour cela que tu es partit. Ils t’ont laissé le choix, mourir dans la honte ou quitter le dôme et affronter ton destin. Affronter l’extérieur. Tu n’as pas réfléchis longtemps. Le temps m’est compté Sedna, ils m’ont encore descendu d’un rang. Plus qu’un rang et mon frère et moi nous serons Omega. Plus qu’un rang, et ce sera la fin.
Le dôme est le monde, le dôme est l’humanité.

2234, non ceci n’est pas le futur mais une fin agonisante.
2234, le dernier acte.
2234, what’s left After Us.