ANNEXE 1 - Les Dômes
Seven mothers
« Il était sept petites mères
Aux bras étendus vers le ciel.
Qui d’entre elles fendit la terre,
Pour la première y sombra.
Il était six petites mères
Aux bras étendus vers le ciel.
Qui d’entre elles prit la mer,
Pour la dernière s’y noya.
Il était cinq petites mères
Aux bras étendus vers le ciel.
Qui d’entre elles séma la guerre,
Pour l’enfer la clé gagna.
Il était quatre petites mères
Aux bras étendus vers le ciel.
Qui d’entre elles l’esprit précaire,
Pour la folie s’énorgueilla.
Il était trois petites mères
Aux bras étendus vers le ciel.
Dans leurs ventres de verre
Tous sommes ses enfants.
Ô dôme, ô mère, je serais méritant,
Pour qu'à ton tour tu m'offre
Le droit à l’espoir.
»
- Hymne Anonyme -


Histoire d’un monde perdu


Il est difficile de donner un rôle exact aux dômes car ils sont sortit de terre il y a bien trop longtemps pour que cela ait encore sens. De ce que l’on sait en revanche avec certitude, ils ont tous été construit lors du chaos qui a suivit les premiers impacts nucléaires il y a de cela plus de cent cinquante ans. A cette période, une grande partie des mégalopoles de la planète avaient déjà été partiellement rasées par les bombardements de la troisième guerre (2075-2077) tandis que les pays essoufflés par des pertes constantes, n’avaient d’autre choix que d’appliquer leurs politiques répressives en conséquences. L’humanité sentit son déclin inévitable malgré les trêves instaurées par un nouvel ordre mondial temporaire, formé par plusieurs pays unifiés au nom du bien commun et que l’horreur de leurs actes avait finit par radoucir. Mais le feu fut une nouvelle fois mis aux poudres lorsque les premières retombées radioactives firent des ravages dans les camps de réfugiés tout autour du globe (2078) et malgré son désir de paix, l’humanité payait les conséquences de ses actes : la limite avait été dépassée.
Les pays les plus pauvres furent les premiers à en pâtir lourdement, la majorité décédant d’insuffisances respiratoires et de cancers, les moins chanceux agonisant lentement du manque de vivres non-contaminée. Au bout de quelques mois on ferma les frontières pour empêcher les migrations massives de population vers l’hémisphère nord, la plus touchée certes mais aussi la détentrice des meilleurs moyens de secours. Des débordements se produisirent, inévitables, et les échos des fusillades se répercutèrent jusque dans les villes désertées. En parallèle, l’atmosphère durement endommagée commença à dérégler les saisons, la température monta de plusieurs degrés et les rayons du soleil augmentèrent l’effet pervers de la radioactivité, accélérant le taux de mortalité mondial.





Le coup de grâce fut donné moins de deux ans après la guerre. On ne sait d’où il vint ni comment il muta mais un virus se propagea à grande vitesse, s’attaquant au système nerveux avant de s’étendre au reste du corps jusqu’à l’arrêt complet de celui-ci. On nomma cette maladie la « Mort Sombre » car les infectés présentaient tous un noircissement du sang provoquant une coloration caractéristique de la peau aux extrémités et des veines. Les symptômes quand à eux, furent comprit comme une punition divine par des extrémistes religieux pour la fâcheuse tendance de la maladie à rendre fous ceux qu’elle touche. Des tentatives de quarantaine furent lancées en vain et l’OMS se déclara publiquement impuissante.
Le chaos s’intensifiant, les États-Unis lancèrent un projet de station orbitale pour fuir la planète devenue invivable mais celui-ci échoua par manque de progrès scientifique et logistique suffisant. C’est à l’Asie Unifiée que l’on doit l’invention qui allait sauver ce qu’il restait de l’humanité. S’inspirant de leurs pairs, des chercheurs coréens et chinois imaginèrent une structure préservée et hermétique afin de contenir les survivants et les protéger contre toute agression extérieure. Mais à la différence des américains, ils choisirent de baser leurs espoirs sur terre : le dôme de Shenyang était né. Puis vint celui d’Atlanta, Chicago, Londres, Deseado, Godthab et Siberia, un total de six constructions s’inspirèrent du modèle asiatique. On migra en masse vers ces immenses arches immobiles, les pays mettant leurs dernières ressources dans leur réalisation, ajoutant leurs propres spécificités. Et si beaucoup de personnes se virent l’accès refusé, on estima avoir sauvé suffisamment de gens pour permettre la pérennité de la race humaine. Mais la faute qui allait tout faire basculer vint du dôme de Chicago qui dans ses premières années, voulut creuser trop profondément dans la croute terrestre pour tenter de capter l’énergie du magma. Sans le savoir, il acheva de détruire l’équilibre déjà fragilisé par les explosions atomiques. La terre tout entière se mit en colère, de violents séismes secouèrent les dômes. La planète trembla si violemment qu’elle en dévia de son axe, quelques kilomètres à échelle humaine, déjà beaucoup trop à celle du cosmos. Chaque année elle s’éloigna un peu plus de sa course originelle, détruisant le système des saisons qui avait toujours été et le monde connut sa nouvelle aire glacière. Le dôme d’Atlanta fut détruit par l’un de ces séismes tandis que celui de Deseado fut rasé d’un tsunami. Mais l’histoire tragique des dômes ne s’arrêta pas là et ce fut au tour de Chicago de sombrer dans la guerre civile, bientôt rejoint par le dôme de Londres, ravagé quant à lui par le virus et la folie. Aujourd’hui, il ne reste plus que trois dômes décrépits ; bien que le contact ait été perdu depuis trop longtemps pour émettre la moindre certitude sur le nombre exact de ces géants encore fonctionnels.


Architecture & Particularités


Dômes sont des constructions semi-autonomes, en ce sens qu’elles sont repliées sur elles-même en autarcie mais nécessitent un certain nombre de maintenances humaines et l’extraction obligatoire de ressources directement depuis l’extérieur ou les profondeurs de la planète. Leurs tailles, leurs capacités, leurs apparences et leurs mécanismes varient, chaque pays ayant su mettre son savoir faire technologique dans cette création de la dernière chance. Le dôme de Deseado par exemple, disposait de son propre bassin d’eau pure pour la pisciculture, les rumeurs racontent aussi que Chicago abritait d’une forêt artificielle en son sein. Le majeur point commun entre les sept reste leur consommation énergétique. En effet, à l’époque de leur construction un premier black out général avait déjà inquiété de l’avenir énergétique mondial et en réaction à cela tous les dômes misèrent sur d’autres types d’énergies comme le soleil principalement, la géothermie et le vent. Mais s’ils sont supposément indépendants, c’était sans compter sur les multiples catastrophes naturelles qui allaient changer les conditions de vie terrestre. Le soleil n’éclaire plus qu’environ six mois dans l’année et le trou dans l’atmosphère a réduit les masses d’air nécessaire au bon fonctionnement des éoliennes. La géologie de la terre a quant à elle rendue l’exploitation géothermique instable. L’air nécessaire à la vie est lui filtré depuis l’extérieur à travers un long processus qui n’exclue pas complétement les risques de contamination, tout du moins cela a été prouvé avec la fin tragique du dôme de Londres.
Les matériaux principaux utilisés varient eux aussi d’un dôme à l’autre, mais ils ont pour la plupart été conçut à l’épreuve maximale du temps. Leur architecture squelette est donc métallique d’un alliage de titane et d’iridium sur des fondations en béton armé. Leur surface extérieure est recouverte de verres métalliques (Bulk Metallic Glass ou BMG), un alliage révolutionnaire qui possède la plus forte résistance connue à l’usure. Pour ce qui est de l’intérieur du dôme, les matériaux sont principalement métalliques pour les constructions les plus importantes, mais on peut aussi bien retrouver du bois ou de la pierre pour les éléments moindres. Il faut notamment savoir que par son caractère hermétique, il n’y a presque jamais de nouvelles constructions et on se contente de réutiliser les éléments à l’infini. Hormis leurs côté futuriste, les dômes restent donc un amas géant de matériaux de récupération à la durée de vie limitée.